Le cinéma canadien possède une tradition indéniablement ancienne et a accueilli certaines des personnalités les plus importantes et les plus influentes de l’industrie aujourd’hui. Voici ma liste des 5 meilleurs réalisateurs canadiens:
James Cameron
Je commence par l’une des entrées les plus prévisibles de ma liste, ce qui peut en aggraver certains, mais honnêtement, y a-t-il déjà eu un réalisateur canadien qui a plus contribué à l’art du cinéma dans son ensemble que James Cameron? Mis à part les questions rhétoriques, Cameron s’est continuellement efforcé de repousser les limites du cinéma à haut concept.
Dès ses débuts avec Terminator en 1984, Cameron a insisté pour tisser des histoires complexes à enjeux élevés avec des effets visuels qui changent la donne, à l’émerveillement de millions de personnes à travers le monde. Et je veux dire des millions! Deux des longs métrages de Cameron, Titanic et Avatar, sont les films les plus rentables de tous les temps, ce dernier revendiquant la première place avec un énorme milliard de dollars 2.788 (USD) au box-office mondial.
Cameron a cette rare capacité à fusionner des visuels à gros budget avec des récits significatifs, ce qui a évidemment résonné auprès du public d’une manière qu’aucun autre réalisateur n’a réussi auparavant. Que vous l’aimiez ou le haïssiez, il est difficile de nier que Cameron a gagné sa place non seulement parmi les cinéastes canadiens les plus accomplis de tous les temps, mais aussi la période la plus accomplie, et pour cette raison, il n’y a pas de meilleur candidat pour ouvrir cette liste… pour l’instant.
Denis Villeneuve
Je le dis pour l’instant, car ma prochaine entrée pourrait potentiellement dépasser le statut de Cameron dans les années à venir. Denis Villeneuve ne cesse de s’imposer comme le roi canadien du cinéma à gros budget et à concept élevé, et depuis son arrivée en 2016 dans le long métrage de science-fiction, il est l’un des réalisateurs les plus recherchés à Hollywood aujourd’hui, et pour cause.
Villeneuve a connu des débuts modestes, réalisant plusieurs films québécois à relativement petit budget tels que Maelstrom et Polytechnique, avant de gagner une attention internationale significative avec les Incendies nominés aux Oscars. Villeneuve a ensuite fait sa première incursion dans le cinéma anglophone avec le mini-chef-d’œuvre enseigné Prisoners, ouvrant la voie à d’autres opportunités, avant de décrocher le concert de sa vie: Blade Runner 2049.
Les critiques ont rapidement utilisé des termes tels que « classique instantané » et « l’une des plus grandes suites jamais réalisées » pour le travail de Villeneuve, et si l’arrivée a contribué à établir le réalisateur comme la puissance qu’il est aujourd’hui, Blade Runner 2049 a certainement solidifié cette étiquette.
Il convient également de noter que la sortie Enemy en 2014 montre une polyvalence perceptible pour le réalisateur, choisissant d’utiliser son style comme moyen de capturer le surréel, dans l’espoir d’exposer la psyché pure. Le virage a valu au réalisateur des éloges, quoique de manière plus réservée que d’habitude, tout en étant comparé au maître du cinéma surréaliste, David Lynch. C’est une comparaison particulièrement intéressante à faire, étant donné que Villeneuve a été sollicité pour diriger sa propre adaptation du roman de science-fiction Dune de Frank Herbert, qui a été tristement adapté par Lynch dans les années 1980.
David Cronenberg
David Cronenberg est un réalisateur chevronné qui a gagné autant de place sur cette liste que James Cameron, compte tenu de sa propre influence sur le genre de l’horreur tant au niveau national qu’international.
Surnommé le « Parrain de l’Horreur corporelle », Cronenberg est particulièrement réputé pour ses affrontements visuels avec le corps, que ce soit par la transformation, la technologie, l’infection ou autre. Cronenberg n’est certainement pas du genre à diluer ses visuels excessifs, qui évoquent chez le spectateur un sentiment viscéral d’inconfort.
Bien que ses œuvres antérieures puissent être frappantes, elles créent certainement un précédent pour de futures horreurs de nature similaire, avec des types comme Hellraiser, Cabin Fever et Saw tirant tous du même puits. Ce précédent a également jeté les bases de certaines de ses œuvres les plus abouties, à savoir The Fly, qui est la réalisation de bonne foi du genre même qu’il a contribué à créer, et l’un des plus grands films d’horreur de tous les temps.
La fixation de Cronenberg sur le corps a également provoqué des tournures dramatiques vraiment convaincantes de la part du réalisateur, telles que des promesses orientales et une Histoire de Violence. Ce dernier des deux, à mon avis, est l’un des chefs-d’œuvre les plus sous-estimés du cinéma du 21e siècle, se présentant comme une méditation inébranlable et brutale sur la nature même de la violence, et je crois qu’aucun autre réalisateur n’aurait pu mieux incarner cet idéal que Cronenberg. C’est une preuve supplémentaire que même plus de 40 ans après le début de sa carrière, David Cronenberg ne doit jamais être sous-estimé.
Atom Egoyan
De nombreux réalisateurs se sont efforcés d’aborder des sujets lourds, de la mort à l’aliénation, mais le plus souvent, ils peuvent se perdre dans la complexité de tout cela, se révélant plutôt lourds et trop sentimentaux. Atom Egoyan, quant à lui, possède une compréhension globale de la condition humaine comme peu d’autres, avec une capacité étrange à projeter avec empathie son sujet sur l’écran d’argent.
Il n’est donc pas étonnant que les films d’Egoyan aient tendance à se centrer sur le sexe, l’amour et/ou la perte, thèmes sur lesquels il s’appuie depuis le début de sa carrière dans les années 1980 et au début des années 1990, avec des œuvres telles que Speaking Parts et The Adjuster, avant d’obtenir la reconnaissance internationale qu’il mérite avec Exotica de 1994.
Egoyan a ensuite pu s’appuyer sur ce succès avec son incontestable opus magnum, The Sweet Hereafter, une pièce déchirante ancrée dans la tragédie. Pourtant, il y a une grâce perceptible qui ne menace jamais, même pour un instant fugace, de s’enfoncer sous le poids de ses thématiques magistralement véhiculées.
Certaines des œuvres ultérieures du réalisateur ont prouvé que même Egoyan peut être sensible aux caprices d’un drame mal équilibré, mais ses œuvres antérieures distinguées, en particulier, sont plus que suffisantes pour placer Egoyan parmi les grands canadiens de tous les temps.
Un peu étonnamment, Egoyan n’a jamais été un poids lourd au box-office (son film le plus rentable a rapporté un peu moins de 12 millions de dollars), mais ses films ont néanmoins été connus pour présenter certains des plus grands talents d’acteur que le Canada a à offrir, notamment Bruce Greenwood, Elias Koteas, Christopher Plummer et même une jeune Sarah Polley.
Sarah Polley
En parlant de cela, cette liste était à l’origine destinée à être compilée de 4 réalisateurs, et bien qu’il y ait des réalisateurs dont l’inclusion était inévitable, il y avait une personne que je ne pouvais tout simplement pas ignorer, c’est Sarah Polley.
Les débuts de Polley au long métrage en tant que scénariste et réalisateur ont eu lieu avec Away From Her en 2006, qui possède une profondeur émotionnelle et intellectuelle qui aurait dû être bien au-delà de la compréhension d’un Polley alors âgé de 26/27 ans. Pourtant, elle livre néanmoins l’un des plus beaux drames que j’ai vus depuis un certain temps. Bien que sa suite Take This Waltz n’atteigne pas les mêmes sommets, c’est toujours une vitrine pour la maîtrise toujours exceptionnelle de Polley des récits axés sur les personnages.
Le dernier effort de réalisation de Polley, le documentaire Stories We Tell (2012), qui explore la nature complexe de la famille et de la mémoire, rappelle fermement que Polley est toujours une créatrice extrêmement talentueuse du cinéma discret, tout en mettant en valeur sa polyvalence pour le genre.
Même si Polley n’a pas encore atteint les 40 ans, elle s’est tout de même imposée comme l’une des meilleures cinéastes à être sortie du Canada. Même si ses efforts les plus récents la voient patauger dans la production, avec déjà A Better Man et Alias Grace à son actif, j’aspire toujours à son prochain effort de réalisation, chaque fois que cela peut être.