La dernière décennie a été marquée par la commercialisation croissante du secteur sans but lucratif. Face à la réduction du financement gouvernemental et des subventions des fondations, ainsi qu’à la diminution des dons privés à la suite de la récession de 2008, les organisations à but non lucratif se sont tournées vers d’autres sources de revenus pour compenser la différence. Ces facteurs, combinés à l’influence du mouvement de « l’entrepreneuriat social », ont conduit les organisations à but non lucratif à rechercher des modèles de philanthropie innovants qui ressemblent de plus en plus aux entreprises commerciales.
La « rémunération à l’acte » (terme informel utilisé par la communauté des organisations à but non lucratif pour décrire les revenus générés par la vente de biens ou de services) est ainsi devenue une source de revenus importante et peut-être nécessaire pour un nombre croissant d’organisations à but non lucratif. Les revenus de la rémunération à l’acte sont attrayants en tant que source de revenus diversifiée et potentiellement plus fiable que les subventions ou les dons. Il est important de noter que les revenus de la rémunération à l’acte sont également une source de » fonds non affectés », qui peuvent financer des dépenses imprévues cruciales sans limitation. Cependant, pour toutes ces qualités attrayantes, le modèle de rémunération à l’acte implique des questions fiscales délicates, qui doivent être soigneusement examinées avant de lancer toute activité de rémunération à l’acte.
Cet article, le premier d’une série en deux parties, donne un bref aperçu de l’une des principales questions fiscales découlant du modèle de rémunération à l’acte : le critère de l’objet exonéré. Plus précisément, cet article examine les cas où les activités rémunérées à l’acte peuvent être incompatibles avec les missions des organisations exemptées en vertu de l’article 501(c)(3) de l’Internal Revenue Code (le » Code « ). La deuxième partie traitera des règles de base pour déterminer si une activité rémunérée déclenche un impôt sur le revenu des entreprises non lié ( » UBIT « ).
Le test de l’objectif exonéré vise à s’assurer qu’une organisation exonérée d’impôt ne s’éloigne pas trop de la mission que nos lois fiscales jugent digne d’un statut fiscal privilégié. Pour être admissible au statut d’exonération d’impôt en vertu du paragraphe 501(c)(3) du Code, une organisation doit être exploitée principalement en vue de l’une ou plusieurs des » fins exonérées » reconnues en vertu du paragraphe 501(c)(3) du Code, par exemple : la charité, l’éducation, la promotion de la santé, la promotion des arts, l’avancement des sciences et l’avancement de la religion. Les activités qui ne poursuivent pas un but exonéré doivent être non substantielles. Une organisation peut exploiter un commerce ou une entreprise dans le cadre d’une partie substantielle de ses activités, à condition que l’exploitation de ce commerce ou de cette entreprise contribue à une fin exonérée et que l’organisation ne soit pas exploitée dans le but principal d’exploiter un » commerce ou une entreprise non liée » (la définition d’un » commerce ou entreprise non liée » est examinée plus en détail dans la deuxième partie).
L’application de ces règles s’est avérée extrêmement difficile. Il n’y a pas de définition de » substantiel » ou de » non substantiel « , ni de moyen clair de déterminer si un commerce ou une entreprise favorise une fin exemptée. Dans la pratique, l’Internal Revenue Service et les tribunaux se sont largement appuyés sur un corpus juridique très critiqué appelé « doctrine de la commercialité » pour déterminer si les activités rémunérées à l’acte d’une organisation sont conformes au statut 501(c)(3). En substance, la doctrine de la commercialité stipule que les organisations qui ressemblent trop étroitement à des entreprises comparables à but lucratif ne méritent pas le statut 501(c)(3). La doctrine de la commercialité a été appliquée de manière très arbitraire et inégale: on peut penser à d’innombrables exemples d’hôpitaux, d’universités et d’éditeurs exonérés d’impôt dont les opérations ne se distinguent pas de leurs homologues imposables à but lucratif. Cependant, certaines indications peuvent être tirées de cas illustratifs.
Un bon exemple est Living Faith, Inc. v. Commissaire, 950 F.2d 365 (7e Cir. 1991), qui impliquait une organisation formée pour promouvoir les principes de l’Église adventiste du Septième Jour, dont le végétarisme et une alimentation saine. Le but de l’organisation était ostensiblement religieux, mais les principales activités de l’organisation étaient l’exploitation de deux restaurants végétariens / magasins d’aliments naturels. Les magasins facturaient les mêmes prix que les concurrents à but lucratif de la région. La littérature adventiste était exposée dans tous les magasins, et des cours de cuisine et des cours d’étude biblique avaient lieu après les heures de bureau. De plus, l’organisation a tenu un discours de dévotion et un chant d’hymne tous les matins avant l’ouverture. L’organisation dépendait entièrement des revenus des magasins et n’avait pas l’intention de solliciter des dons.
Le Septième Circuit s’est fondé sur la doctrine de la commercialité pour conclure que l’organisation était exploitée en grande partie à des fins non exemptées et n’était pas admissible à l’exemption. Alors que certaines des activités de l’organisation poursuivaient clairement un but religieux (exposition de littérature adventiste, cours d’étude de la Bible, conférences de dévotion et chants d’hymnes), la cour a jugé que ces activités étaient secondaires aux opérations commerciales du magasin. La cour a noté que l’organisation était gérée comme une entreprise commerciale, p. ex. avec des heures d’ouverture régulières et de la promotion par la publicité. La cour a également souligné que l’organisation était en concurrence avec des entreprises similaires à but lucratif, fixait les prix aux taux du marché et n’avait aucun revenu provenant d’autres sources.
Basé sur la foi vivante, Inc. et dans des cas similaires, 501(c)(3) les organisations exerçant des activités commerciales peuvent prendre plusieurs mesures de précaution. Premièrement, il est important pour une organisation de s’engager dans un nombre important d’activités qui sont clairement dans les notions traditionnelles d’une organisation 501(c)(3). L’organisation devrait utiliser les revenus de ses programmes de rémunération à l’acte pour financer ces activités traditionnelles 501(c)(3) et doit prendre des mesures pour démontrer que ces activités sont une priorité importante plutôt qu’une réflexion après coup. Deuxièmement, une organisation serait sage de se différencier de ses concurrents à but lucratif en donnant gratuitement une partie de ses biens ou services au public (ou à une catégorie de bienfaisance, comme les pauvres ou les handicapés) et/ ou en facturant moins que les taux du marché. Enfin, une organisation devrait avoir un plan de collecte de fonds diversifié afin qu’elle ne repose pas entièrement sur des revenus à l’acte.