Résumé
Dans le cadre des efforts déployés par le Canada pour respecter son engagement à l’égard de l’accord de Paris sur le climat de 2015, les provinces doivent établir leurs propres politiques de tarification du carbone, sinon le gouvernement fédéral leur imposera une politique. Au moment de choisir parmi les diverses politiques, les gouvernements provinciaux devraient d’abord déterminer dans quelle mesure une politique particulière aura une incidence négative sur la compétitivité économique de leurs compétences. Lorsque les impacts négatifs sont jugés faibles, une taxe carbone sur chaque tonne d’émissions de gaz à effet de serre (GES) est le choix privilégié. Une politique de plafonnement et d’échange attribuant des permis négociables à un prix du marché, ou une combinaison hybride de taxe sur le carbone et de plafonnement et d’échange, est préférable lorsque les impacts négatifs peuvent être élevés.
Ces trois politiques peuvent toutes réaliser de manière satisfaisante des réductions d’émissions. Cependant, d’autres variables doivent être prises en compte, notamment la certitude des prix, la force avec laquelle chaque politique encourage la recherche novatrice sur des technologies plus propres, la complexité et les coûts de mise en place, l’importance ou la visibilité de la politique pour les consommateurs et le montant des revenus qu’elle peut générer.
Une taxe sur le carbone présente un avantage majeur par rapport au plafonnement et à l’échange et à une version hybride, car elle permet de garantir le prix du carbone, est moins coûteuse à administrer et constitue une source de revenus substantielle. Cependant, une politique de plafonnement et d’échange présente ses propres avantages en ce sens que des quotas d’émissions peuvent être attribués de manière à minimiser les effets négatifs de la politique sur la compétitivité et à prévenir les fuites d’émissions. Ce dernier terme est utilisé lorsque les entreprises quittent une juridiction pour opérer dans une autre juridiction qui a moins ou pas de règles sur la tarification du carbone.
Une politique hybride, également connue sous le nom de tarification basée sur la production, permet d’attribuer librement certains permis en fonction des émissions et de la production d’une installation ou d’un secteur industriel. Il offre également plus de certitude sur le prix du carbone qu’un système de plafonnement et d’échange pur. Les recherches montrent qu’une politique hybride réduit presque complètement les impacts sur la compétitivité et les fuites d’émissions. Et bien qu’une taxe sur le carbone soit plus visible pour le public, les avantages d’une plus grande visibilité sont discutables. Une telle politique peut être favorable parce qu’un prix inférieur est nécessaire pour obtenir les mêmes réductions de GES, mais elle peut également être défavorable parce que politiquement, elle est moins agréable au goût.
La Colombie-Britannique a une taxe sur le carbone, tandis que le Québec utilise un système de plafonnement et d’échange. L’Alberta a une politique hybride qui couvre les grands émetteurs industriels et une taxe sur le carbone pour les plus petits. D’autres provinces n’ont toujours pas de régime de tarification du carbone, tandis que le gouvernement progressiste-conservateur nouvellement élu de l’Ontario s’apprête à démanteler la politique de plafonnement et d’échange de la province. Les provinces qui attendent que le gouvernement fédéral leur impose une tarification du carbone peuvent s’attendre à avoir une politique hybride semblable à celle de l’Alberta.
Pour les gouvernements provinciaux qui souhaitent établir leurs propres politiques, choisir celle qui convient le mieux implique de peser les avantages et les inconvénients de chacune. En fin de compte, une juridiction donnée devrait examiner son propre profil économique et d’émissions afin de faire le meilleur choix pour atteindre l’objectif combiné de réduire les GES sans nuire à la compétitivité de l’industrie.