Étienne Cabet, 1788-1856
Avocat, homme politique, journaliste et socialiste utopiste français.
Originaire de Dijon (Bourgogne), fils de tonnelier, Étienne Cabet réussit néanmoins à acquérir une éducation pour devenir instituteur. Il a ensuite étudié la médecine avant de l’abandonner pour le droit. Entré dans la pratique à Dijon, Cabet acquit une réputation efficace d’avocat et, en 1825, s’installa à Paris. Il se brouilla bientôt avec les cercles républicains autour de Dupont de l’Eure. Étienne Cabet participe à la Révolution de juillet 1830 et est brièvement nommé procureur général en Corse, avant d’être contraint de démissionner.
En juillet 1831, Cabet est élu député de Dijon à la Chambre des députés. Mais Cabet est désenchanté par le virage conservateur du régime orléaniste et s’aligne sur l’extrême gauche. En 1832, Cabet écrit une histoire brûlante de la Révolution de juillet, et en 1833, il fonde l’hebdomadaire de gauche, La Populaire. Accusé de sédition en 1834, Cabet a le choix entre deux ans de prison et cinq ans d’exil. Cabet prit ce dernier et s’installa en Angleterre. C’est lors de son séjour en Angleterre que Cabet approfondit sa connaissance de l’œuvre du socialiste utopique britannique.RobertOwen.
Après son retour en France en 1839, Cabet publie rapidement une histoire élogieuse des Jacobins de 1789-92. Cabet a ensuite composé un roman utopique, le Voyage à Icare décrivant une société idéale dans le pays fictif d ‘ »Icarie ». Cabet a introduit l’idée du « communisme » (un terme de son invention) comme la plus grande réalisation de la démocratie et le descendant direct des principes chrétiens. La publication a été populaire, mais son adhésion au communisme utopique a rompu ses liens avec les républicains radicaux. Cabet relance La Populaire et continue à promouvoir ses idées communistes.
En 1847, concluant que la situation de la France orléaniste était irréparable, Cabet décida de fonder une colonie utopique en Amérique. À la fin de 1847, il annonça qu’il avait acheté quelques millions d’acres près de la rivière Rouge au Texas et publia un prospectus détaillé à l’intention des colons dans La Populaire, établissant les règles de sa nouvelle société. Le premier contingent de communistes icariens, environ 70 personnes, partit du Havre pour le Texas au début de février 1848. D’autres suivront bientôt.
Cabet est resté à Paris entre-temps. La révolution de février 1848 venait d’éclater, donnant encore espoir à Cabet pour la France. Dans la foulée, Étienne Cabet fonde la Société Fraternelle centrale, un club de gauche radicale à Paris pour les socialistes Pacific Owenites et les communistes icariens comme lui, en contrepoint des clubs de confrontation plus révolutionnaires de Blanqui et Barbès. Néanmoins, le club de Cabet participe à la » vague rouge » du 15 mai et Cabet est arrêté sur le parquet de l’Assemblée nationale.
Après sa libération, Cabet se rend lui-même en Amérique, arrivant en janvier 1849. À cette époque, la colonie icarienne d’origine au Texas s’était dissipée à cause du mauvais climat et de la maladie, et il y avait une controverse avec les colons sur les attributions de terres et les accusations de fraude. Cabet a recueilli les colons icariens restants à la Nouvelle-Orléans. En mars 1849, quelque 480 Icariens dirigés par Cabet entreprirent de rétablir leur colonie à Nauvoo (à la frontière entre le Missouri et l’Illinois), un site récemment abandonné par les Mormons. La nouvelle colonie a prospéré pendant plusieurs années.
En septembre 1849, Cabet est poursuivi par contumace devant les tribunaux français, et rentre donc rapidement en France pour présenter son cas devant une cour d’appel. Il a été acquitté, mais a décidé de rester en France pendant quelques années, suscitant même des idées pour se présenter à la présidence de la France en 1852. Mais le coup d’État de Louis Napoléon à la fin de 1851 y mit fin et Cabet retourna en Amérique au début de 1852. Il y restera quelques années. Le style de plus en plus autoritaire de Cabet finit par provoquer une révolte parmi les colons icariens de Nauvoo. En octobre 1856, la communauté icarienne vote l’expulsion de Cabet et d’un petit groupe de ses loyalistes. Cabet se rendit à Saint-Louis (Missouri) où il mourut quelques semaines plus tard (novembre 1856) d’une hémorragie cérébrale..