En plus des séances d’affiches, au cours desquelles des recherches sur l’histoire de notre domaine ont été présentées, une session spéciale et approfondie « Contes Urologiques Hispaniques » a eu lieu le samedi 21 mars. Trois présentations ont été données en l’espace d’une heure, chacune mettant en évidence un sujet urologique national différent.
Prof. Remigio Vela Navarrete (ES) s’est penché sur la découverte et la propagation de la syphilis, dans le Nouveau Monde et en Europe au début du XVIe siècle. Le Professeur Schultheiss (DE), Président du Bureau de l’Histoire de l’EAU, a discuté de l’hypersexualité qui se manifeste dans les œuvres de Pablo Picasso. Ce qui a émergé était une perspective changeante de l’artiste; de participant à des scènes érotiques à être spectateur dans ses dernières années.
C’est peut-être la présentation du Professeur Philip Van Kerrebroeck (NL) qui a le plus fait sourciller le public. Chargé de parler des « problèmes urologiques dans la royauté espagnole », Van Kerrebroeck a commencé avec une certaine appréhension dans une salle remplie d’Espagnols historiquement soucieux.
Charles II
En commençant par un contexte général sur certaines des dynasties espagnoles du Moyen Âge, l’attention s’est rapidement portée sur le cas extraordinaire de Charles II, le dernier et sans héritier des Habsbourg d’Espagne. Fruit de plusieurs générations de consanguinité royale, Charles II est déjà né avec plusieurs difficultés. Tout au long de son enfance, il était extrêmement fragile et handicapé sur le plan du développement. Intellectuellement rabougri, son règne de trente ans fut inefficace et dominé par l’absence d’héritiers.
Bien qu’il ait été marié deux fois, Charles II n’a pas eu de descendance. Après sa mort, juste avant son quarantième anniversaire, une autopsie rudimentaire a été pratiquée, avec les résultats suivants: « un cœur tout petit, des poumons corrodés, des intestins putréfactifs et gangrenés, trois grosses pierres dans le rein, un seul testicule noir comme du charbon, et sa tête pleine d’eau. »
Le Prof. Van Kerrebroeck a utilisé cette description pour dresser un tableau clinique: « Nous pouvons conclure que Carlos souffrait d’hypospadias postérieurs, de monorchisme et d’un testicule atrophique. Il avait probablement un état intersexué avec des organes génitaux ambigus et un monokidney congénital avec des calculs et des infections. »
Phénotype physique
Van Kerrebroeck postule que la condition de Charles tend vers un véritable hermaphrodisme, bien qu’il soit très probablement XX mâle. Il a donné plusieurs diagnostics possibles:
- Syndrome de Klinefelter: qui comprend de petits testicules et un pénis court, 47-XY / 47-XXY.
- Syndrome de l’X fragile: une cause de retard mental de 30%, un visage long, des oreilles proéminentes et une macrophélie, un relâchement articulaire, une hyperextensibilité et une hypotonie musculaire.
- Véritable hermaphrodisme: expression du tissu ovarien et testiculaire, le plus souvent mosaïcisme 46-XX / 46-XY / 47-XXY, ovaire intra-abdominal (non confirmé dans le cas de Charles II), testicule cryptorchide, hypospadias.
- Inversion sexuelle: phénotype mâle, caryotype XX avec translocation anormale de Y à X.
Petite taille, organes génitaux ambigus, hypospadias et atrophie testiculaire.
Prof. Van Kerrebroeck a conclu qu’une combinaison d’inversion sexuelle et d’X fragile était le diagnostic le plus probable, donnant les symptômes extraordinaires dont Charles II a souffert toute sa vie.
Catégorie: Congrès annuel
Tags: Histoire, EAU15