Charles le Téméraire

Jeunesse

Charles le Téméraire est né à Dijon, fils de Philippe le Bon et d’Isabelle de Portugal. Avant la mort de son père en 1467, il porte le titre de Comte de Charolais ; par la suite, il assume tous les titres de son père, y compris celui de  » Grand-Duc d’Occident « . Il est également fait Chevalier de la Toison d’Or vingt jours seulement après sa naissance, investi par Charles Ier, comte de Nevers, et le seigneur de Croÿ.

Charles a été élevé sous la direction de Jean d’Auxy et a très tôt montré une grande application aussi bien aux études académiques qu’aux exercices guerriers. La cour de son père était la plus extravagante d’Europe à l’époque, et un centre pour les arts et le commerce. Pendant qu’il grandissait, Charles a été témoin des efforts de son père pour unir ses dominions lointains et ethniquement divers en un seul État, et ses propres efforts ultérieurs se sont concentrés sur la poursuite et la garantie des succès de son père dans cette entreprise.

En 1440, à l’âge de sept ans, Charles est marié à Catherine, fille du roi Charles VII de France et sœur du Dauphin (futur roi Louis XI). Elle avait cinq ans de plus que son mari et elle mourut en 1446 à l’âge de 18 ans. Ils n’avaient pas d’enfants.

Charles, garçon, se tient à côté de son père, Philippe le Bon. Frontispice de Rogier van der Weyden aux Chroniques de Hainaut, vers 1447-8 (Bibliothèque royale de Belgique)

En 1454, à l’âge de 21 ans, Charles se marie une seconde fois. Il voulait épouser une fille de son cousin éloigné Richard Plantagenêt, 3e duc d’York (une sœur des rois Édouard IV et Richard III d’Angleterre), mais aux termes du traité d’Arras de 1435, il devait épouser une princesse française. Son père a choisi Isabelle de Bourbon, qui avait trois ans de moins que lui. Isabelle était la fille de la sœur de Philippe le Bon, Agnès, et une cousine très éloignée de Charles VII de France. Isabelle mourut en 1465. La fille d’Isabella, Mary, était le seul enfant survivant de Charles.

Charles était en bons termes avec son beau-frère Louis, le Dauphin de France, réfugié à la cour de Bourgogne de 1456 jusqu’à ce qu’il succède à son père comme roi de France en 1461. Mais Louis a commencé à poursuivre certaines des mêmes politiques que son père, par exemple le rachat ultérieur par Louis des villes de la Somme que le père de Louis avait cédées en 1435 au père de Charles dans le traité d’Arras, que Charles considérait avec chagrin. Lorsque la santé défaillante de son père lui permet de prendre les rênes du gouvernement (que Philippe lui cède par un acte du 12 avril 1465), il initie une politique d’hostilité envers Louis XI qui conduit aux guerres bourguignonnes, et il devient l’un des principaux dirigeants de la Ligue du Bien Public, une alliance de nobles d’Europe de l’Ouest opposés à la politique de Louis XI qui cherche à centraliser l’autorité royale en France.

Pour sa troisième épouse, Charles se vit offrir la main de la fille de Louis XI, Anne. L’épouse qu’il choisit finalement, cependant, était sa cousine au second degré Marguerite d’York (qui était aussi, comme lui, un arrière-petit-enfant de Jean de Gaunt). À la mort de son père en 1467, Charles n’était plus lié par les termes du traité d’Arras, et il décida de s’allier avec l’Angleterre, vieil allié de la Bourgogne. Louis fit de son mieux pour empêcher ou retarder le mariage avec Marguerite (il envoya même des navires français à waylay alors qu’elle naviguait vers Sluys), mais à l’été 1468, il fut célébré somptueusement à Bruges et Charles fut fait chevalier de la Jarretière. Le couple n’a pas eu d’enfants, mais Margaret s’est consacrée à sa belle-fille Mary. Après la mort de Marie de nombreuses années plus tard, elle garda les deux enfants en bas âge de Marie, Philippe le Bel et Marguerite d’Autriche, aussi longtemps qu’elle lui fut autorisée.

Premières battlesEdit

Le 12 avril 1465, Philippe cède le contrôle du gouvernement de ses domaines à Charles, qui passe l’été suivant à poursuivre la guerre de la Population contre Louis XI. Charles est laissé maître des champs à la bataille de Montlhéry le 13 juillet 1465, mais cela n’empêche pas le roi de rentrer dans Paris et ne lui assure pas une victoire décisive. Il réussit cependant à imposer à Louis le traité de Conflans du 4 octobre 1465, par lequel le roi lui restitue certaines villes de la Somme, les comtés de Boulogne et de Guînes, et divers autres petits territoires. Au cours des négociations du traité, son épouse Isabelle meurt subitement aux Quesnoy le 25 septembre, ce qui rend soudain possible un mariage politique. Dans le cadre du traité, Louis lui promet la main de sa petite fille Anne, avec les territoires de Champagne et de Ponthieu en dot, mais aucun mariage n’a jamais eu lieu. Entre-temps, Charles obtient la reddition du Ponthieu.

La concentration de Charles sur les affaires de la France a été détournée par la révolte de Liège contre son père et l’évêque de Liège (Louis de Bourbon) et une volonté de punir la ville de Dinant dans la province de Namur. Pendant les guerres de l’été 1465, Dinant célèbre une fausse rumeur selon laquelle Charles aurait été vaincu à Montlhéry en le brûlant à son effigie et en scandant qu’il était l’enfant bâtard de sa mère Isabelle de Portugal et de Jean de Heinsburg, le précédent évêque de Liège (décédé en 1455). Le 25 août 1466, Charles marcha sur Dinant, déterminé à venger cette insulte sur l’honneur de sa mère, et saccagea la ville, tuant tous les hommes, femmes et enfants qui s’y trouvaient. Après la mort du père de Charles, Philippe le Bon, en 1467, l’Évêché de Liège relance les hostilités, mais est vaincu par Charles à la bataille de Brustem. Charles fit une entrée victorieuse à Liège, démantela ses murailles et dépouilla la ville de certains de ses privilèges.

Traité de PéronneEdit

Territoires de la maison de Valois-Bourgogne sous le règne de Charles le Téméraire.

Article principal: Traité de Péronne (1468)

Gravure de Charles le Téméraire

Alarmé par les premiers succès du nouveau duc de Bourgogne et soucieux de régler diverses questions relatives à l’exécution du traité de Conflans, Louis XI demande une rencontre avec Charles et se met hardiment entre ses mains dans la ville de Péronne en Picardie en octobre 1468. Au cours des négociations, le duc est informé d’une nouvelle révolte de l’évêché de Liège fomentée secrètement par Louis dans le cadre des guerres de Liège. Après avoir délibéré pendant quatre jours sur la meilleure façon de faire face à son adversaire, qui s’était bêtement mis à sa merci, Charles décida de respecter la promesse qu’il avait faite de garantir la sécurité de Louis et de négocier avec lui. Dans le même temps, il oblige Louis à l’aider à réprimer la révolte à Liège. La ville a été prise et de nombreux habitants ont été massacrés. Louis choisit de ne pas intervenir au nom de ses anciens alliés.

À l’expiration de la trêve d’un an qui suivit le traité de Péronne, le roi de France accusa Charles de trahison, le cita à comparaître devant le parlement et s’empara de quelques villes de la Somme en 1471. Le duc riposte en envahissant la France avec une grande armée ; il prend possession de Nesle et massacre ses habitants. Il échoue cependant dans une attaque sur Beauvais et doit se contenter de dévaster la campagne jusqu’à Rouen. Il finit par se retirer sans parvenir à un résultat utile.

Politiques intérieuresmodifier

Charles a poursuivi des politiques intérieures qui ont aidé à la croissance de son établissement militaire. À cette fin, il abandonna au moins une partie de l’extravagance qui avait caractérisé la cour de Bourgogne sous son père, sinon la magnificence des cérémonies. Dès le début de son règne, il se consacre à la réorganisation de son armée et à l’administration de ses territoires. Tout en conservant les principes du recrutement féodal, il s’efforça d’établir un système de discipline rigide parmi ses troupes, renforcé par l’emploi de mercenaires étrangers, en particulier des Anglais et des Italiens, et l’augmentation de son artillerie. Le pouvoir économique que Charles a hérité de Philippe a conduit à un système judiciaire indépendant, à une administration sophistiquée et à l’établissement de domaines locaux.

Construire un royaume

Charles cherchait constamment à étendre les territoires sous son contrôle. En 1469, l’archiduc Sigismond d’Autriche lui vend le comté de Ferrette, le Landgraviat d’Alsace et quelques autres villes, se réservant le droit de racheter.

En 1472-1473, Charles achète la réversion du duché de Guelders (c’est-à-dire le droit de lui succéder) à son duc Arnold, qu’il avait soutenu contre la rébellion de son fils. Non content d’être  » le Grand-Duc d’Occident « , il conçut le projet de former un royaume de Bourgogne ou d’Arles avec lui-même comme souverain indépendant et persuada même l’empereur du Saint-Empire romain germanique Frédéric III de donner son accord pour le couronner roi à Trèves. La cérémonie, cependant, n’a pas lieu en raison de la fuite précipitée de nuit de l’empereur en septembre 1473, provoquée par son mécontentement face aux ambitions du duc.

À la fin de 1473, l’État bourguignon passe du Charolais en France aux confins des Pays-Bas. Cela a fait de Charles le téméraire l’un des nobles les plus riches et les plus puissants d’Europe. En effet, ses propriétés foncières et sa base de revenus rivalisaient avec celles de nombreuses familles royales.

DownfallEdit

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Charles le Téméraire par Peter Paul Rubens (c. 1618).

La fuite de Charles après la bataille de Morat, par Eugène Burnand (1894).

Le cadavre de Charles le Téméraire découvert après la bataille de Nancy, par Charles Houry (1862).

En 1474, Charles commença à s’impliquer dans la série de luttes politiques qui provoquèrent finalement sa chute. Il entre d’abord en conflit avec l’archiduc Sigismond d’Autriche, à qui il refuse de restituer ses possessions en Alsace pour la somme stipulée. Puis il se querelle avec les Suisses, qui soutiennent les villes libres du Rhin supérieur dans leur révolte contre la tyrannie du gouverneur ducal Peter von Hagenbach (condamné par un tribunal international spécial et exécuté le 9 mai 1474). Enfin, il s’oppose à René II, duc de Lorraine, avec qui il dispute la succession dans le duché de Lorraine, qui borde plusieurs de ses territoires. Tous ces ennemis unissaient volontiers leurs forces contre leur adversaire commun Charles.

Charles subit une première rebuffade en essayant de protéger son parent Ruprecht du Palatinat, archevêque de Cologne, contre ses sujets rebelles. Il passa dix mois (juillet 1474 – juin 1475) à assiéger la petite ville de Neuss sur le Rhin (le siège de Neuss), mais fut contraint par l’approche d’une puissante armée impériale de lever le siège. De plus, l’expédition qu’il avait persuadé son beau-frère Édouard IV d’Angleterre d’entreprendre contre Louis XI fut arrêtée par le traité de Picquigny du 29 août 1475. Il eut plus de succès en Lorraine, où il s’empara de Nancy le 30 novembre 1475.

De Nancy, il marche contre les Suisses. Il a jugé bon de pendre ou de noyer la garnison de Grandson après sa capitulation. Grandson était une possession de Jacques de Savoie, comte de Romont, un proche allié de Charles, qui avait été capturé récemment par les forces de la Confédération suisse. Quelques jours plus tard, le 2 mars 1476, Charles est attaqué à l’extérieur du village de Concise par l’armée confédérée lors de la bataille de Grandson et subit une défaite; il est contraint de fuir avec une poignée de préposés et d’abandonner son artillerie avec un immense butin, y compris son bain d’argent et le joyau de la couronne appelé Les Trois Frères commandé par son grand-père le duc Jean l’Intrépide.

Charles réussit à lever une nouvelle armée de 30 000 hommes qu’il utilise pour combattre à la bataille de Morat le 22 juin 1476. Il est à nouveau vaincu par l’armée suisse, aidée par la cavalerie du duc de Lorraine. À cette occasion, contrairement à la débâcle de Grandson, peu de butin a été perdu, mais Charles a perdu environ un tiers de toute son armée. Les soldats vaincus ont été poussés dans le lac voisin, où ils ont été noyés ou abattus alors qu’ils essayaient de nager en sécurité sur la rive opposée. Le 6 octobre, Charles perdit Nancy, que le duc de Lorraine put récupérer.

Mort à Nancy

Faisant un dernier effort, Charles forma une nouvelle armée et arriva en plein hiver devant les murs de Nancy. Ayant perdu beaucoup de ses troupes à cause du grand froid, c’est avec seulement quelques milliers d’hommes qu’il rencontra les forces conjointes des Lorrains et des Suisses, venus au secours de la ville.

Après la bataille, le duc de Lorraine envoie des messagers pour découvrir ce qui est arrivé à Charles. Un jour plus tard, une page a rapporté qu’il avait vu Charles mourir. Une douzaine de corps ont été retrouvés au bord d’une piscine, dont de nombreux disciples et amis proches de Charles. Bien que tous les corps aient été dénudés, certains étaient reconnaissables, parmi lesquels Charles, dont le corps était dans un état pire à une courte distance. Une joue avait été mâchée par des loups et l’autre noyée dans de la boue gelée. Retirer le corps de l’eau gelée nécessitait d’aller chercher des instruments à Nancy.

Le corps de Charles portait des traces d’un coup au-dessus de l’oreille d’une hallebarde et de blessures de lance à travers les cuisses et l’abdomen. En sondant le médecin, l’aumônier, les pages et d’autres, il a été établi que le cadavre était Charles sur la base de dents manquantes, d’une cicatrice correspondant à une blessure que Charles avait reçue lors d’une bataille à Montl’héry, d’une blessure à l’épaule, de ses longs ongles et d’une fistule à l’aine.

Le corps meurtri de Charles fut d’abord enterré dans l’église ducale de Nancy, par René II, duc de Lorraine. Plus tard en 1550, son arrière-petit-fils, l’empereur du Saint-Empire Romain germanique Charles Quint, ordonna qu’il soit déplacé dans l’église Notre-Dame de Bruges, à côté de celle de sa fille Marie. En 1562, le fils et héritier de l’empereur Charles Quint, le roi Philippe II d’Espagne, a érigé un mausolée de style renaissance précoce sur sa tombe, qui existe toujours. Les fouilles de 1979 ont permis d’identifier positivement les restes de Marie, dans un cercueil de plomb, mais ceux de Charles n’ont jamais été retrouvés.

Les épouses de Charles le Téméraire.

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