Président de la République du Liban (1952-1958). Camille Chamoun est née en 1900 à Dayr al-Qamar, dans le sud du Mont Liban. Entre 1916 et 1918, sa famille est contrainte à l’exil en raison des sympathies pro-françaises de son père. Après avoir obtenu une licence en droit, Chamoun travaille dans le journalisme, puis est admis au barreau en 1925. Élu représentant de la région du Mont-Liban en 1934, il rejoint les rangs du Bloc Destourien et devient ministre des Finances en 1938. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il préconise l’abolition du mandat français sur le Liban. Après l’indépendance du Liban en 1943, Chamoun est ministre de l’intérieur. De 1944 à 1947, il est ambassadeur du Liban à Londres, et dirige également la délégation libanaise aux Nations Unies, où il soutient la cause des Palestiniens. En 1947, il est de nouveau nommé ministre des Finances et, en avril de l’année suivante, représente son pays à la Ligue arabe.
Après les élections législatives de 1951, Chamoun rejoint les rangs du Front socialiste et nationaliste. Le 2 septembre 1952, il est élu président de la République du Liban, à la suite du retrait de son rival, Hamid Franjiyya. Au cours de son mandat, Chamoun modifie le découpage électoral au Liban, afin de diminuer l’influence des possessions féodales. Sur le plan international, il soutient le Pacte de Bagdad sans y adhérer, désapprouve la nationalisation du canal de Suez par le président égyptien Gamel Abdel Nasser et est partisan de la doctrine Eisenhower. Son truquage des élections législatives de 1957 a conduit les rivaux de Chamoun à se rebeller contre lui dans ce qui est depuis connu sous le nom de Guerre civile libanaise de 1958. Chamoun est autorisé à rester en fonction jusqu’à la fin de son mandat — septembre 1958 — mais n’est pas autorisé à briguer un second mandat.
Remplacé à la présidence par Fouad Chehab, Chamoun reprend son siège de député. En 1959, il fonde le Parti national libéral (PNL), qui maintient son soutien à sa ligne politique. Opposant déterminé au président Chehab, le PNL a formé une alliance avec la Phalange de Pierre Jumayyil et le Bloc national de Raymond Eddé. Au cours de l’été 1968, la coalition PNL – Phalange – Bloc national est arrivée en tête aux élections législatives. En 1970, Chamoun soutient l’élection à la présidence de son adversaire, Sulayman Franjiyya (frère de Hamid). Réélu à la Chambre en 1972, Chamoun devient ministre de l’intérieur dans le gouvernement Karamé en juillet 1975.
Pendant la Guerre civile de 1975-1976, Chamoun a joué un rôle important en tant que chef du Parti national libéral, participant aux combats politiques et militaires sur les fronts maronites. Le 17 juin 1976, il est nommé ministre des Affaires étrangères. Trois mois plus tard, il a été nommé premier ministre par intérim et s’est vu confier les portefeuilles des affaires étrangères et de la défense, jusqu’au mois de décembre. À cette époque, il était accusé par ses ennemis d’être en faveur d’une alliance du camp chrétien libanais avec Israël, tandis qu’au sein de son propre parti, il se trouvait en désaccord avec d’autres dirigeants maronites. En décembre 1976, Chamoun démissionne de ses fonctions. En juillet 1980, après des affrontements sanglants, les Forces libanaises ont vaincu la milice du PNL, dirigée par son fils Dany. Chamoun participe au gouvernement d’Unité nationale formé en 1984, mais son influence sur la politique nationale est négligeable. Il est décédé en 1987.
VOIR AUSSI Chamoun, Dory; Eddé, Raymond; Franjiyya, Sulayman; Phalange.